Beyond the Silence

Documentary (20‘) 2016

An experimental short documentary that deals with questions such as: time, memory or point of view throughout the com- plex relation between the filmmaker and her grandfather.

About « Beyond the silence » : Excerpt from the text of Robert Bonamy «Intissar Belaid, rester radical (en douce)» for the periodical « incertains regards » 2019

Beyond the silence propose un pas supplémentaire au-delà des assignations thématiques et du dire. Le temps et l’espace du commun passent par un resserrement dans un cadre familial, pour mieux élargir les ouvertures, selon différents questionnements des conditions de visibilité et de passages. L’écran est aussi divisé en deux parties de formats équivalents, la partie gauche en noir et blanc cadre à travers la porte d’entrée d’une pièce (la porte de Behind neon lights était une porte de sortie) le grand-père dans une pièce à l’intérieur de la maison, parfois de dos, ses mouvements rythment l’image par leur relative rareté. L’épaisseur troublante du temps est confirmée par les gestes de cet homme âgé : il ôte deux feuillets en une fois de l’éphéméride murale, remonte l’horloge arrêtée qu’un bras extérieur (celui de la cinéaste, qui n’est autre que sa petite-fille ?) l’aide à suspendre en fin de film. Ce trouble temporel se double d’une épaisseur optique : la partie gauche de l’écran divisé se concentre sur les extérieurs, dans des plans aux contours incertains, semblables à des vues à travers un verre poli. La puissance plastique de ces plans en extérieurs est accentuée par des pointes de couleurs qui paraissent dans un petit pan du plan. Entre intérieur et extérieur, entre maison ancienne et paysage rural du Kef, la liaison s’établit par touches, à la limite d’une projection expérimentale qui mélangerait les regards de générations désaccordées, auxquels s’ajouteraient également ceux des animaux. L’intervention en gros plan de l’ouverture de l’œil d’un âne dans lequel se reflète une figure impossible à identifier est à cet égard particulièrement marquante.

Dans le quotidien de ce grand-père vivent aussi son épouse et une jeune fille de dix ans, sorte de double de la cinéaste. Intissar Belaid, invisible, derrière la caméra, est fréquemment invitée à rentrer à l’intérieur de la maison par son grand-père, le prétendu danger de l’extérieur n’étant sans doute pas seulement météorologique, comme il veut pourtant bien le dire. L’effacement de l’espace extérieur intervient d’ailleurs en fin de film où l’image de l’intérieur de la maison se déploie dans toute la longueur de l’écran. Dans les écarts de générations entre les différents personnages, des percées temporelles interviennent, notamment avec le relais d’images télévisuelles.